Réindustrialisation : quels besoins en foncier, en eau et en électricité ?

France Stratégie a travaillé sur les impacts de la réindustrialisation sur les ressources en eau, électricité et foncières.

Dans une étude publiée le 12 juillet, France Stratégies a étudié différents scénarios de réindustrialisation et en a mesuré les impacts en termes de ressources. Ces scénarios se basent sur les variations de la part de la valeur ajoutée manufacturière dans le PIB (de 8 à 15%) sur la période 2022-2035. Le scénario médian cible une part de 12 % qui semble être la plus réaliste.

Cette étude part du postulat que la décarbonation aura progressé en 2035 et qu’ainsi la consommation des énergies fossiles aura diminué de 45 %, entraînant en conséquence une réduction de 32 % des émissions directes de gaz à effet de serre (48 millions de tonnes de CO2 émis). Ce scénario est au-dessus des objectifs gouvernementaux du Plan national pour l’énergie et le climat.

En poursuivant ce scénario, l’électrification prendrait une part majeure et l’industrie manufacturière serait amenée à consommer près de 165 TWh d’ici 2035. Cette augmentation significative nécessiterait des importations d’électricité car les centrales nouvelles générations ne seraient pas opérationnelles à cette date.

Le foncier serait également touché par cette relance manufacturière, les besoins en foncier étant situés entre 23 000 et 30 000 hectares, nécessitant ainsi de réserver 2 000 hectares par an pour la réindustrialisation, alors que le ZAN fixe un objectif de réduction de 12 000 hectares par an de l’emprise foncière sur les territoires. Cela signifie que 17 % de l’artificialisation totale devrait être allouée à l’industrie, contre 5 % en moyenne ces dernières années. La densification des espaces déjà artificialisés (parkings, dalles…), la surélévation (entrepôts logistiques notamment) et la requalification des friches sont des solutions pour éviter l’artificialisation tout en développant l’industrie.

La ressource en eau ne semble a priori pas être l’enjeu majeur de la réindustrialisation, l’industrie manufacturière n’ayant consommé « que » 360 millions de m³ d’eau en 2022 sur les 5 milliards de m³ dédiés à l’activité économique (7,2 %). Cependant, les consommations augmentent fortement lorsque les chaînes de valeur sont prises en compte dans leurs globalités : l’agriculture consomme énormément d’eau et fournit l’industrie agroalimentaire d’où un bilan contrasté. Sans évolutions particulières et avec le scénario médian, les prélèvements en eau de l’industrie manufacturière pourraient atteindre 60 % de plus qu’aujourd’hui en 2035. Cette hypothèse n’est que peu probable car, contrairement aux autres enjeux, les industriels sont conscients et attentifs à l’eau. Le changement climatique engendrant une raréfaction de l’eau dans certains territoires, le partage de cette ressource entre les différentes activités pourrait devenir un facteur de tensions régionales.