La prospective climatique, nouvelle boussole de la stratégie industrielle

Ce nouveau dossier de Prospective Industrie, piloté par la Fédération des Industries Mécaniques (FIM) et le CETIM, présente la prospective climatique comme un outil d’anticipation essentiel pour les entreprises industrielles face aux défis du changement climatique.

Cette démarche entend explorer les futurs possibles du climat et leurs impacts sur les activités économiques, offrant ainsi une boussole stratégique pour naviguer dans l'incertitude. En intégrant la prospective climatique dans leur stratégie, les industries peuvent non seulement prévenir les risques, mais aussi identifier de nouvelles opportunités de croissance.

Le changement climatique est décrit comme une mégatendance systémique qui affecte tous les aspects de l'activité industrielle. Avec une augmentation déjà constatée sur le territoire national de +1,9°C par rapport à l’ère préindustrielle, les impacts se font déjà sentir sur l'accès à l'eau, l'alimentation, la santé, les territoires côtiers et les écosystèmes, avec des conséquences directes sur l'activité économique. Et les projections futures, plus particulièrement celles relatives au scénario médian retenu dans le cadre du nouveau Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC), indiquent un réchauffement de l’ordre de +4°C pour la France d’ici à 2100. Cette hausse s'accompagne d'une multiplication des événements climatiques extrêmes tels que les canicules, sécheresses, inondations et feux de forêt.

Ces phénomènes auront des impacts majeurs sur les infrastructures, les ressources en eau et les rendements agricoles, posant des défis considérables pour l'industrie. Le stress hydrique apparaît comme une menace critique pour le secteur industriel. Avec un déficit mondial prévu de 40% entre la demande et l'approvisionnement en eau d'ici 2030, les conflits d'usage sont amenés à s'intensifier. Pour les industriels, cela implique de repenser leur gestion de l'eau et d'anticiper de possibles restrictions qui pourraient affecter leur production.

L'ensemble de la chaîne de valeur industrielle est vulnérable au changement climatique. De l'exploitation des matières premières à la consommation des produits (voir figure), en passant par la logistique et la fabrication, chaque maillon de la chaîne de valeur est susceptible d'être perturbé (ruptures d’approvisionnement, hausse des coûts de fonctionnement, baisse du pouvoir d’achat par exemple). Les industries doivent donc évaluer leurs vulnérabilités spécifiques et adapter leurs processus en conséquence voir transformer leur modèle économique.

Face à ces défis, les principaux leviers d'action pour les industries incluent la diversification des chaînes d'approvisionnement, l'adaptation des processus de production aux nouvelles conditions climatiques, l'investissement dans des infrastructures robustes, et l'innovation dans des produits et services adaptés aux nouvelles réalités climatiques. Au-delà c’est bien l’environnement global des entreprises qui évolue, impactant l’ensemble des sujets stratégiques parmi lesquels on peut citer :

• Le management avec l’évolution requise des méthodes de recrutement et de fidélisation des collaborateurs, l’adaptation des formations et des compétences en lien avec le changement climatique ;
• Les tensions sur les matières premières et guerres économiques potentiellement associées nécessitant la mise en œuvre de nouveau modèle d’affaires (économie circulaire, économie de la fonctionnalité et des services)
• L’environnement réglementaire avec des exigences de plus en plus élevées vis-à-vis des entreprises (bilan carbone, CSRD, règlement éco-conception etc.) et des fournisseurs (labels, certifications durables etc.).

Pour aller plus loin :

Adaptation au changement climatique : un impératif pour les entreprises