Enseignements clés pour la filière santé-pharma : Etude de la Fondation Concorde - Maîtriser l’industrie pour rester maître de notre destin – La sécurité d’approvisionnement, fondement d’une réelle souveraineté

Le 04/02/2025

Retourner à la liste des actualités

Dans une étude parue en Septembre 2024, la Fondation Concorde analyse les fragilités et les leviers d’une souveraineté industrielle française à la lumière de deux filières stratégiques, le médicament et l’armement. Sont présentés les principaux enseignements clés à destination du secteur pharmaceutique, extraits de l’étude.  

 

Sécurisation des approvisionnements et maintien des capacités de production au cœur des enjeux de souveraineté économique et industrielle  

La notion de souveraineté industrielle est redevenue une priorité́ pour les décideurs publics depuis la pandémie de coronavirus, mais aussi en raison des tensions géostratégiques actuelles, amplifiées par la guerre en Ukraine.  

La fragilité́ des chaînes d’approvisionnement, mise en évidence durant la pandémie avec la  problématique des pénuries, amplifiées depuis l’invasion russe, démontre les dangers d’une globalisation incontrôlée des chaînes de valeur. Dans tous les domaines stratégiques, la sécurité du pays dépend de sa capacité à s’approvisionner.  

L’internationalisation des chaı̂nes de valeur n’est cependant pas sans bénéfices. La délocalisation ou la localisation de certains maillons des chaines de valeur dans des lieux de production moins couteux ou plus efficaces permet d’améliorer la rentabilité, d’accroı̂tre la productivité par des économies d’échelle, de gamme et d’agglomération. Cependant, cette internationalisation, conduit aussi à créer des dépendances qui restent difficilement mesurables ou mesurées.  

Le prix est ainsi depuis trop longtemps le seul critère déterminant. Les marges se sont restreintes sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Les maillons industriels, en particulier les fabricants de principes actifs, ont été́ lourdement impactés. Ces marges toujours plus réduites, n’ont finalement plus permis de maintenir les investissements nécessaires à la pérennité́ d’outils industriels présents sur le territoire national. C’est ainsi qu’en 2008, Rhône Poulenc / Rhodia, face à la mise en place d’une nouvelle norme, n’a pas eu d’autre choix économique que de fermer la dernière unité́ de production européenne de paracétamol à Roussillon.  

La problématique industrielle notamment dans le domaine pharmaceutique, ne se limite pas à l’enjeu de la commande publique. D’autres facteurs ont conduit à l’accroissement de nos dépendances, de façon non maitrisée. L’impact de la concurrence internationale a été́ mis en exergue par de nombreux rapports. Aussi, celui de PWC estime à 30 % les écarts de compétitivité́ entre l’Europe et l’Asie uniquement du fait des contraintes HSE (hygiène, sécurité́, environnement). Suivant le même rapport, on observe un écart de 40 % sur le coût de la main d’œuvre pour l’industrie pharmaceutique, entre les deux zones économiques.  

Dans ce contexte, le concept d’industrie « fabless » (conception et commercialisation sans capacités de fabrication) a contribué́ à alimenter la croyance et l’espérance, qu’il était possible de délocaliser l’amont et de conserver l’aval. Mais le constat est là : les industriels indiens et chinois, sur la base d’une production amont de principes actifs pharmaceutiques très compétitifs, se sont progressivement développés en aval sur la chaîne de valeur. Une situation qui accentue notre dépendance et fragilise notre économie.  

Dans le domaine du médicament ou dans le domaine militaire, le retrait de l’Etat et les limites de l’action propre des entreprises ont conduit à des solutions sous-optimales de satisfaction de l’intérêt général. Cette situation engendre des risques de rupture d’approvisionnement en raison de dépendances croissantes, parfois assumées vis-à-vis de fournisseurs extérieurs mais aussi résulte du refus d’en mesurer les conséquences notamment en cas de tensions ou de crises.  

 

Désindustrialisation, accroissement des dépendances et perte de souveraineté, l’exemple du secteur pharmaceutique  

La part de l’industrie dans le PIB français est passée en 20 ans de 24 % en valeur ajoutée à moins de 10 % aujourd’hui. Le domaine stratégique du médicament illustre les mécanismes qui conduisent à la perte de souveraineté et l’accroissement de nos dépendances :  

  • 80% des principes actifs pharmaceutiques étaient historiquement produits en Europe, contre seulement 20% aujourd’hui ;  

  • La dépendance de la France envers l'Asie pour les principes actifs pharmaceutiques est passée de 56% à plus de 80% en 10 ans, voire entre 90% et 100% sur un grand nombre de molécules ;   

  • En 2023, 4 925 signalements de pénuries de médicaments ont été faits auprès de l’ANSM  

La résilience de notre économie est donc grandement réduite en cas de crise, surtout si cette dernière concerne aussi les pays qui sont devenus nos sources d’approvisionnements, comme cela a été́ le cas lors de la crise du coronavirus du fait d’une forte dépendance vis-à-vis de la Chine et de l’Inde. La désindustrialisation de la France depuis trois décennies doit nécessairement nous interroger sur la perte de souveraineté́ associée et donc sur l’identification de nos dépendances. Ainsi la maîtrise de la production est l’expression d’une souveraineté́ économique et industrielle, car elle est la condition d’une sécurisation de l’approvisionnement, en particulier dans les domaines stratégiques assurant le fonctionnement de la société́ et de l’Etat.  

 

Replacer la stratégie industrielle au cœur de l’action étatique  

La société́ française, confrontée à la réalité́ des pénuries, reprend conscience de la nécessité d’une maîtrise de son autonomie stratégique. Il reste à identifier nos fragilités et à reconstruire le socle industriel garant de notre sécurité́ d’approvisionnement dans les domaines critiques.   

A noter que la convergence des intérêts publics et privés n’est ni automatique, ni évidente. Ce retour d’expérience, nous rappelle également que l’industrie convoque nécessairement le temps long, souffre et s’épuise face à des approches court-termites ou des injonctions contradictoires récurrentes. Une réalité́ à l’opposé d’une stratégie industrielle fixant un cap clair et lisible pour tous les acteurs de la chaîne de valeur. Il s’agit de fédérer une filière, amener ses acteurs à se concerter et à dépasser les raisonnements en silos et les arbitrages uniquement tactiques pour défendre le pré́ carré des uns ou des autres et pour instaurer une vision partagée, prérequis à l’efficacité́ collective. Accepter de faire partie d’une même chaîne, d’un même écosystème revient à valoriser mais aussi à responsabiliser chacun des maillons d’une chaîne de valeur.  

Dans le secteur pharmaceutique, les enjeux de maintien de l’emploi et d’un écosystème complet autour du médicament (gage d’agilité́), d’une fiabilité́ à long terme de l’approvisionnement pour les patien

Le 04/02/2025

Un projet immobilier professionnel

en Seine-et-Marne ?

Faites appel à l'équipe du Département

Laurent COUSIN

Laurent COUSIN

Chef de mission Attractivité et filières stratégiques

laurent.cousin@departement77.fr

06 67 87 53 61

Laurie LEPAN

Laurie LEPAN

Chargée de développement territorial et de filières

laurie.lepan@departement77.fr

06 07 37 41 91

Clémence VESSELLE

Clémence VESSELLE

Chargée de développement territorial et de filières

clemence.vesselle@departement77.fr

06 37 95 53 14

Contactez-nous

Retour en haut de la page